L'oubli est la ruse du diable
Compl. Titre  mémoires
Auteurs   Gallo, Max (Auteur)
Edition  XO éd. : [Paris] , impr. 2012
Collation   1 vol. (397 p.)
Illustration   couv. ill.
Format   24 cm
ISBN   978-2-84563-549-4
Prix   21,90 EUR
Langue d'édition   français
Sujets   Gallo, Max
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Réservation
SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Médiathèque 1484897816019 B GALLAdulte / AdultesDisponible
Résumé : " La nuit et ma deuxième vie commençaient enfin. Ma machine à écrire était posée sur une caisse. Je m’asseyais à même le sol, jambes écartées, serrant la caisse entre mes cuisses. Mon père m’avait installé une prise électrique et une lampe de bureau. Dans le cône de la lumière que diffusait l’abat-jour d’opaline verte, je ne voyais plus que le clavier, mes doigts et ces phrases qui, alignées, régulières, me semblaient dictées par une voix qui naissait dans ma poitrine et emplissait ma bouche d’une salive âcre. Ces mots, collés l’un à l’autre, allaient devenir des essais, des livres. Je le savais, je le voulais, c’était ça mon vrai destin. Ma première vie n’était qu’une apparence. Un jour, je n’aurais plus à donner le change, à apprendre à faire fonctionner une fraiseuse, à ajuster une queue d’aronde, à subir les sarcasmes d’un professeur d’atelier qui m’accusait de n’être qu’un bon à rien , un flemmard , un prétentieux qui avec ses grands airs n’était même pas capable de limer en tenant son outil à quarante-cinq degrés. Je serais libre. Pas de lumière , a murmuré mon père avant de s’engager dans l’escalier. Il avait enveloppé la machine dans l’une de ses blouses bleues, et au moment où il allait sortir des sous-sols, j’ai tendu les mains. Il a hésité, m’a dévisagé, puis il a posé la machine sur mes avant-bras. C’est ta machine, a-t-il chuchoté. Tu sais ce qu’on risque. Elle était lourde, difficile à porter. Je ne savais pas comment la saisir. Elle cisaillait mes doigts, tirait sur mes épaules, mais c’était MA machine, mon arme. J’ai commencé à monter lentement, veillant à ne pas trébucher, refusant de m’arrêter, d’obéir à mon père qui répétait reprends ton souffle .